30/03/2021
A chaque nomination d’un chef de canton, il est indiqué qu’il sera assisté d’un secrétaire et de tel nombre de goumiers. Dans la société traditionnelle tchadienne, beaucoup reconnaissent les goumiers de part leur rôle et leur accoutrement. Mais, c’est quoi être justement « goumier » au Tchad ?
Selon certains documents, le mot goumier vient du terme « goum » qui désigne une compagnie de goumiers. Il provient de l’arabe maghrébin « gūm » et de l’arabe classique « qawm », signifiant « tribu, peuple, gens » qui désigne les contingents de cavaliers armés que certaines tribus fournissent au chef du pays lorsqu’il fait une expédition.
Dans son acceptation francophone la plus utilisée aujourd’hui, le « goumier » (en arabe : « goumi »), membre d’un goum, a un sens très péjoratif issu, cette fois, de la guerre d’Algérie, pendant lesquels les goumiers d’Algérie étaient, comme les harkis, des supplétifs de l’armée française.
Le terme goumier est ainsi élargi à d’autres pays du Sahel et du Sahara notamment, le Tchad dont les Etats précoloniaux ont entretenu des relations avec les pays arabes et l’Empire Ottoman. Comme écrivait cet auteur « au Sahel et au Sahara, les troupes coloniales françaises appellent goumiers les méharistes nomades, par opposition aux tirailleurs « sédentaires ». Les goumiers servent ensuite aux côtés des gardes-cercles et gardes méharistes, dépendant de l’administration coloniale. Les goumiers sont jusqu’en 1958 sous statut civil bien que servant comme militaires ».
Aux indépendances africaines, les goumiers rejoignent les gardes nationales de leur nouvel Etat. C’est le cas au Tchad où des goumiers ont été les premiers à former la Garde Nationale et Nomade du Tchad (GNNT). Une autre partie est restée dans la sécurité des autorités traditionnelles et coutumières dont le premier texte les régissant après l’indépendance, est l’ordonnance n°4/INT du 13 février 1960 portant organisation administrative générale du territoire du Tchad, mais surtout le décret n°102/PR/INT du 6 mai 1970 portant statut de la chefferie dont l’article premier mentionne que les chefs traditionnels sont les sultans, les chefs de canton et les chefs de groupement de villages et les chefs de village.
Avec la naissance de l’armée tchadienne, les goumiers sont désormais « agents de sécurité » auprès des sultans, chefs de canton, de tribus et groupements. Leur nombre, auprès de chacune de ces entités traditionnelles, est fixé par le décret n°629/PR/RM/MATGL/2016 du 15 septembre 2016, qui a modifié d’autres actes un peu anciens. Nous nous servons de ce décret car, c’est lui qui est en vigueur actuellement.
De ce fait, « le nombre des goumiers et secrétaires des autorités traditionnelles et coutumières est fixé comme suit : sultan : cinq goumiers et un secrétaire ; chef de canton : deux goumiers et un secrétaire ; chef de tribu : deux goumiers et un secrétaire ; chef de groupement : un goumier et un secrétaire ».
Leurs salaires sont pris en compte par le décret n°630/PR/RM/MATGL/2016 du 15 septembre 2016 fixant les rémunérations mensuelles des secrétaires et des goumiers des autorités traditionnelles et coutumières.
L’acte présidentiel précise que « les allocations mensuelles des secrétaires et des goumiers des autorités traditionnelles et coutumières sont exclusives de toutes remises pour les secrétaires 60 000 FCFA et pour les goumiers 60 000 FCFA ». Ces allocations mensuelles des secrétaires et des goumiers des autorités traditionnelles et coutumières sont uniformes et exclusives de toutes remises et ne peuvent être cumulées avec les traitements des fonctionnaires.
Par contre en 1960, le décret n°45/INT du 11 mars 1960 réglementant le mode de recrutement et de rétribution des goumiers des chefferies nomades dans le territoire de la République du Tchad, relève que les goumiers sont recrutés par décision des sous-préfets et leur salaire sera réglé sur état nominatif et certificat de service fait par les sous-préfets qui seront, à cet effet, désignés comme billeteurs.
En 1960, il est précisé que le salaire des goumiers ne saurait être inférieur au salaire minimum interprofessionnel garanti en vigueur dans les sous-préfectures où ils sont en service. Le décret de mars 1960 mentionne que chaque goumier fournira sa monture. En cas de manquement à la discipline, les sous-préfets pourront révoquer les goumiers après un avertissement et un blâme.
28/03/2021
Le ministre de la Santé, Jacques Raynal, était présent, vendredi matin, à la cérémonie organisée à l’occasion de la Journée nationale d’hommage aux Harkis et aux autres membres des formations supplétives de la guerre d’Algérie.
La cérémonie s’est déroulée au Monument aux Morts, à Papeete, en présence également du secrétaire général du Haut-commissariat, Eric Requet, représentant le Haut-commissaire de la République, de la première vice-présidente de l’Assemblée de la Polynésie française, Sylvana Puhetini, de la sénatrice de Polynésie française, Laina Tetuanui, et du président du CESEC, Eugène Sommers.
18/03/2021
Une délégation d’AJIR pour les Harkis s’est rendue ce 18 mars à Evian.
Objectifs : d’une part rappeler que les accords signés le 18 mars 1962 par la France et le FLN n’ont pas été respectés avec les conséquences dramatiques que l’on sait. D’autre part honorer la mémoire des victimes d’après le 19 mars notamment celles qui n’ont pas été rapatriées en métropole !
Initialement, une gerbe devait être déposée devant l’hôtel où furent finalisés et signés les accords (transformé en résidence privée). Mais il n’y a pas de plaque rappelant cet événement historique, comme si au fond il n’y avait pas de quoi être fier de ces accords et donc de les rappeler. D’ailleurs, rien dans la ville, ni rue, ni place, ni même impasse, ne se nomme Accords d’Evian !
Le dépôt de gerbe a donc eu lieu devant le beau Monument aux Rapatriés. Ce monument érigé en 1922 n’était pas pour les rapatriés d’Algérie mais ceux fuyant les territoires occupés. Qu’importe. Comme l’a rappelé le Président national, tous les Rapatriés ont en commun la violence de l’arrachement à leur terre natale et souvent des êtres chers laissés là-bas.
En raison de la Covid, la délégation était volontairement réduite à 6 personnes dont 2 portes drapeaux, tous de la région Rhône Alpes Auvergne, la plus proche d’Evian.
Madame le Maire d’Evian a ensuite reçu très chaleureusement la délégation à l’Hôtel de Ville.
16/03/2021
CPICréée par traité en 2002, à La Haye (Pays-Bas), la Cour pénale internationale (CPI) est la seule juridiction permanente compétente pour engager des poursuites contre les auteurs présumés de crimes de génocide, crimes contre l’humanité, crimes de guerre, tortures, disparitions forcées. L’auteur souligne que « Jusqu’à l’adoption du statut de Rome en 1998, le droit pénal international avait écarté les victimes des procès. Ainsi étaient-elles paradoxalement absentes des procès des crimes de masse. » En revanche, les statuts de la CPI font une place aux victimes « soit pour les faire « participer » au jugement (article 68), soit dans le cadre d’une phase finale visant à réparer leurs préjudices (article 75). »
L’auteur pose la question de la réparation : « Comment réparer réellement les crimes de masse ? Quelles réparations individuelles, collectives, symboliques et indemnitaires ? » Mais il reconnaît que les éléments de jurisprudence de la CPI, encore rares, ne permettent pas d’y répondre car seules quatre affaires, en Afrique, ont donné lieu à réparation. Ce qui conduit un des avocats plaidant à la CPI (Maître Fall) de souligner que « La question fondamentale qui reste à résoudre après bien entendu la déclaration de culpabilité, c’est la gestion équitable des conséquences inqualifiables et souvent incalculables, que ces atrocités ont causées et continuent encore de causer au quotidien, à ceux qui en ont été victimes. »
Pour les victimes d’emprisonnement et de tortures, pour les familles de victimes de massacres et disparitions après le cessez le feu en Algérie, au mépris des Accords d’Evian, la lecture de cet article, malgré son aspect technique et juridique, réveille un sentiment profond d’injustice car les coupables de ces crimes de guerre n’ont pas été condamnés, empêchant réparation et résilience.
Lien ci-dessous pour l’article intégral
15/03/2021
Pour celles et ceux qui ne connaissent pas bien l’histoire de la guerre en Algérie entre 1954 et 1962, c’est-à-dire une majorité de Français, la question doit paraître incongrue. Comment peut-on être contre une date de fin de guerre ? Et bien justement parce qu’hélas, le 19 mars ne fut pas la fin de la guerre pour les dizaines de milliers de civils torturés, emprisonnés ou assassinés après cette date.
Le 18 mars 1962, après plus d’une semaine d’ultimes négociations à Evian, Krim Belkacem pour le FLN, Louis Joxe, Robert Buron et Jean de Broglie pour le Gouvernement français signaient les accords d’Evian prévoyant un cessez le feu dès le lendemain avec la garantie de la sécurité de toutes les personnes civiles et militaires.
Or l’encre n’était pas encore sèche qu’enlèvements et exactions commençaient sans que l’armée française intervienne. Et ils allaient s’intensifier après la déclaration de l’indépendance de l’Algérie le 5 juillet de la même année. 70 000 à 100 000 harkis et membres de leurs familles ont été massacrés, et des milliers de Pieds Noirs furent assassinés ou portés disparus.
On comprend que ce jour du 19 mars 1962 fut pour les anciens appelés et leurs familles, un jour de soulagement et de joie. Mais pour les familles de Harkis et de Pieds Noirs c’était le début d’un calvaire. C’est pour cela que ni Pompidou, ni Giscard, ni Mitterrand, ni Chirac, ni Sarkozy n’ont voulu que le 19 mars soit une commémoration officielle avec présence des représentants de l’Etat et bâtiments publics pavoisés ! Parce qu’il n’y a vraiment pas de quoi pavoiser !
C’est François Hollande qui le 8 novembre 2012 en a fait une cérémonie officielle.
AJIR souhaite que cette journée reste commémorative, mais non officielle. Le 19 mars ne peut être comme le 8 mai ou le 11 novembre. Parce qu’on fête les victoires, pas les accords bafoués, ni les abandons.
Une délégation d’AJIR, restreinte en raison de la Covid, déposera une gerbe ce 18 mars 2020 à Evian, à la mémoire des victimes que les accords signés le 18 mars 62 n’ont pas protégées.
Voir aussi en rubrique Histoire l’article de Mohand Hamoumou sur le 19 mars publié en 2017
AJIR : Association Justice Information Réparation, pour les Harkis. Contact : ajirfrancecontact@gmail.com Association loi 1901 - tout don à l'association est éligible aux réductions d'impôts