Les 11 et 12 septembre dernier s'est déroulé, à Riom dans le Puy de Dôme et à côté de Clermont Ferrand, l'assemblée générale de AJIR-France suivie par la rencontre de 4 associations de Harkis venues des différentes régions de France.
A l'issue de ces deux journées de travail studieux, dans un climat apaisé et respectueux des sensibilités des un et des autres et où toutes celles et tous ceux qui ont souhaité s'exprimer ont pu le faire librement, une synthèse a été faite par Mohand Hamoumou, président d'AJIR. Synthèse qui reprend l'essentiel des échanges qui ont lieu ainsi que les principales revendications exprimées...
Cette synthèse a été reprise sous forme de lettre ouverte (à lire ici) adressée au Président de la République avec la signature des 40 associations participantes.
Vidéo résumée des travaux de ces deux journées :
Ali Amrane, est né le 19 novembres 1962 au camp de Rivesaltes dans les Pyrenées-Orientales, issu d’une famille de 11 enfants, originaire de la grande Kabylie. Il est aujourd’hui fonctionnaire territorial, éducateur sportif, Président d’association et Adjoint au Maire de Grasse.
Témoignage : Je me suis toujours posé la question : est-ce que les enfants naissent dans les camps, comme moi ?
Les registres de mon père étaient bouleversants, tant la rigueur et la discipline quasi militaire régnaient dans e camp de Rivesaltes :
Après un passage au camp de Bourg-Lastic, mon père, à la recherche d’un emploi fixe, est venu s’installer au hameau de forestage de Timgad à Mouans-Sartoux dans les Alpes-Maritimes en 1964. Il fût employé à l’ONF comme ses compatriotes.
Le hameau de Mouans-Sartoux a hébergé jusqu’ à 67 familles.
La vie n’était pas toujours facile. Etant éloignés du village de (3 km) nous vivions en communauté.
Les jeunes filles s’occupaient des enfants, des tâches ménagères, de l’aide aux devoirs.
Très peu de contact avec l’extérieur, sauf l’école et le club de foot pour les garçons. Nous ne recevions, ni copains, ni copines.
Nos pères travaillaient tous à l’ONF. Le chef de chantier faisait marcher les anciens à la baguette :
Pour certains habitants, la peur d’être renvoyé en Algérie ou transféré dans un autre camp les hantait, car le chef de camp, monsieur Zenati (et son épouse) devait faire en sorte qu’il n’y ait pas de problème entre les familles et que l’ordre règne.
Le rôle de l’épouse du chef de camp consistait à remplir les documents administratifs et à conseiller les familles. Elle imposait aux familles de donner des prénoms français aux enfants et « elle pratiquait aussi l’art du service rendu aux familles ». C’est à dire que les familles devaient lui remettre en échange de « ses services » des denrées alimentaires (pâtes, sucre, farine, café et même gigots d’agneau).
Nous avons même assisté à la construction de leur maison, sur le dos des harkis, avec main-d’œuvre et matériaux de l’ONF.
La vie dans les camps était aussi marquée par les fêtes, baptêmes et mariages, où tout le monde était invité, ainsi que les familles voisines d’autres hameaux ou connaissances.
Sur le plan de l’emploi : (même si cela n’a pas été toujours facile) il faut signaler la réussite de nombreux jeunes (chefs d’entreprises, cadres, chefs de service de la fonction publique, ou élus locaux). Et sur le plan logement, 90% des familles ont pu accéder à la propriété.
Il y a eu aussi la création d’associations (dont je suis président aujourd’hui comme mes collègues) qui ont contribué à la réussite de plusieurs projets auprès des pouvoirs publics tels que
Aujourd’hui à travers ces quelques mots, je voulais avoir :
L’histoire et la mémoire ne s’achètent pas, elles se transmettent
Mais tout n’était pas rose tous les jours ; il y avait aussi de la violence :
Pour la majorité des familles l’intégration a été quasiment réussie.
AJIR : Association Justice Information Réparation, pour les Harkis. Contact : ajirfrancecontact@gmail.com Association loi 1901 - tout don à l'association est éligible aux réductions d'impôts