AJIR Moselle : en première ligne sur le front de la mémoire !

Même en plein vacances d'été, AJIR Moselle et sa présidente poursuivent avec acharnement la bataille de la mémoire pour les anciens Harkis comme le relate un article de Hervé BOGGIO dans le Républicain Lorrain à lire ci-dessous.

 

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Rapport Stora : qu'en fera le Président ?

28/01/2021

Rapport Stora : qu'en fera le Président ?

Les rapports sont souvent des ballons d’essai. Ils permettent par les réactions suscitées de mesurer l’acceptabilité de futures mesures sur des sujets délicats. Avec en plus, l’avantage d’être dit par quelqu’un d’extérieur. Le rapport Stora n’échappe pas à la règle.


Le Président de la République attendait de ce rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie, une aide pour panser les blessures mémorielles de composantes de la Nation (Pieds Noirs, Harkis, Immigrés, anciens appelés,…) et, en même temps, apaiser les relations avec l’Algérie dont les dirigeants font de l’histoire  de la colonisation une arme politique.


L’Algérie est un partenaire économique et géopolitique important de la France. D’où la nécessité pour renforcer les coopérations d’en finir avec les demandes algériennes lancinantes d’excuses et repentance pour la période coloniale. Sur ce point, le Président fait passer un message clair : il n’y aura ni excuses ni repentance ; ce dont on se félicite car elles ne servent à rien sauf à alimenter du ressentiment et de la surenchère, l’Algérie n’étant pas en reste question violences et barbarie avec par exemple les massacres de Harkis après la guerre.


Second message clair : la France ne donnera pas l’intégralité des archives de la période coloniale de ses 3 départements français. Qu’elles puissent en revanche être consultées facilement par les chercheurs algériens et français est légitime. Et comme il faut bien lâcher quelque chose, il y a une ouverture sur les essais nucléaires au Sahara, qui se sont poursuivis pendant et après la guerre d’Algérie grâce à des accords secrets entre De Gaulle et le FLN. Cela finira vraisemblablement par des demandes d’indemnisation.


Côté apaisement en France des différents groupes aux mémoires blessées, le rapport est décevant. Pieds Noirs et Harkis ne tarderont pas à le faire savoir. Non pour ressasser un passé ou pour s’enfermer dans des postures d’opposition politicienne mais simplement parce que le sujet est évacué comme si Benjamin Stora ne voulait pas gêner le pouvoir algérien ou ne parvenait pas à dépasser certains préjugés. Car ce n’est pas par méconnaissance tant est connue l’érudition de Benjamin Stora sur la guerre d’Algérie.


La question des Harkis est réduite à une recommandation ridicule de demande polie d’accès au territoire algérien. Or ce point, brûlant il y a encore 15 ou 20 ans, n’a plus la même acuité. La plupart des anciens harkis sont hélas décédés. Les enfants eux n’ont jamais eu de problème pour partir en vacances en Algérie voir de la famille. Naturellement, les harkis, à fortiori leurs enfants, sont pour la réconciliation entre la France, leur seule patrie et l’Algérie la terre de leurs racines.


Le rapport passe sous silence le fait que si le dossier Harki n’est toujours pas réglé c’est qu’aucun gouvernement n’a reconnu officiellement l’abandon délibéré des supplétifs et leurs familles après  les accords d’Evian du 19 mars 1962 censés garantir la sécurité de toutes les personnes. Est-ce pour ne pas rappeler que l’Algérie n’a pas respecté ses premiers accords internationaux ? Car l’encre était à peine sèche que déjà coulait le sang de harkis désarmés. Les massacres, avec d’horribles supplices, de plusieurs dizaines de milliers d’anciens harkis, notables, élus qui avaient servi la France  sont évoqués dans le rapport par ce simple euphémisme : « des représailles cruelles ». De même Benjamin Stora n’a pas repris la revendication majeure des associations nationales de harkis : une loi reconnaissant l’abandon après le 19 mars 62 et ses conséquences dramatiques.


Son rapport recommande d’accueillir au Panthéon Gisèle Halimi, avocate ayant défendu, comme Vergès, les nationalistes algériens mais aucune proposition de personnalité Pieds Noirs, ou militaire ou « harki » comme le Bachagha Boualem, Vice-Président de l’Assemblée nationale dont plusieurs de ses fils sont morts pour la France ou le capitaine Rabah Khellif qui eut le courage de désobéir  pour sauver des Pieds Noirs le 5 juillet à Oran.


Si ce rapport a le mérite d’oser dire à l’Algérie qu’il est temps d’arrêter de demander excuses, repentance ou totalité des archives pour s’engager vers des relations plus fructueuses, en revanche, parce que c’est le regard d’une seule personne, il comporte de nombreux « trous de mémoire » sur l’histoire des harkis, Pieds Noirs, militaires et Algériens avec le risque de raviver des tensions alors qu’il cherchait à les apaiser.


La balle est désormais dans le camp du Président Emmanuel Macron. A lui d’être aussi courageux que Jacques Chirac sur ces questions de mémoire. A lui d’oser des actions fortes comme une loi actant la reconnaissance et la réparation due aux Harkis.  Car sur ce dossier, de beaux discours le 25 septembre cet automne  ou -pire- le 19 mars 2022, seront au mieux inutiles. Ils ne seront que des paroles de futur candidat à la l’élection présidentielle. Comme celles de Nicolas Sarkozy en 2012 et de François Hollande en 2016. Dont personne ne fût dupe. 


En bref, si ce rapport est un ballon d’essai, l’important reste les réactions suscitées et les intentions de celui qui l’a lancé.

Rapport Stora : unanimité contre lui, en France comme en Algérie.

25/01/2021

Rapport Stora : unanimité contre lui, en France comme en Algérie.

En France on déplore de nombreux et choquants trous de mémoire. Les questions de l’abandon criminel des Harkis, de la mise à l’index des Pieds Noirs ou le déshonneur infligée à l’armée sommée le 12 mai 62 d’abandonner les harkis, font partie de l’histoire de la guerre d’Algérie. Inviter à chercher la vérité et à la dire sur ces sujets est autrement plus important que de vouloir créer une commission internationale pour savoir s’il faut rendre à l’Algérie ou à la Turquie un canon trouvé à Alger en 1830!


En Algérie, le sort de « Baba Merzoug », le canon rapporté d’Alger à Brest ou la demande de « panthéoniser » Gisèle Halimi ne semblent pas de nature à faire passer le refus d’excuses et celui de donner les archives des 3 anciens départements français d’Algérie.


Les intentions de ce rapport « officiel » visaient clairement à obtenir "une trêve dans la guerre des mémoires"  pour apaiser en France et en Algérie tous ceux meurtris par le sentiment de non reconnaissance de leur histoire. C’était une entreprise à haut risque, pour ne pas dire une mission impossible. 


Ce rapport aura réussi à raviver des tensions. En France, les Harkis, Pieds Noirs et militaires sont légitimement déçus voire en colère. Et en Algérie, les Algériens estiment que leur ami les a trahis en produisant un rapport téléguidé selon eux par le Gouvernement français. 


La guerre des mémoires et l’instrumentalisation de l’Histoire a hélas encore de beaux jours devant elle.

Communiqué sur le rapport Stora

23/01/2021

Communiqué sur le rapport Stora

Communiqué sur le rapport Stora, 22 Janvier 2021.

 

L’Association AJIR soutient la volonté du Président de porter « un regard lucide sur les blessures de  notre passé » afin de réconcilier les peuples français et algériens. Les Harkis dont les familles furent  souvent divisées par la guerre, et l’histoire longtemps falsifiée, aspirent naturellement à la  réconciliation et à la vérité historique. 


On se félicite de voir reprise la proposition de l’association AJIR d’une commission pluridisciplinaire  internationale. Espérons qu’elle sera représentative de la diversité des acteurs de cette histoire. 


AJIR apprécie aussi que l’auteur du rapport ait compris et repris, le fait qu’excuses et repentances  étatiques sont déplacées et contre productives en ne faisant qu’alimenter ressentiment et  surenchère. C’était notre position et celle d’une majorité Français. 


En revanche AJIR déplore et dénonce des oublis importants qui ne sauraient être fortuits. Si la  question douloureuse des disparus, et notamment ceux du 5 juillet à Oran est évoquée, le non respect des accords d’Evian censés garantir leur sécurité et un choix de vie autre qu’un exode  imposé, n’est pas abordé. Les massacres et supplices de dizaines de milliers de Harkis après le 19  mars62 sont résumés par les seuls mots de « cruelles représailles». 


S’il ne peut y avoir d’apaisement sans gestes symboliques, encore faut-il qu’ils soient équilibrés.  Ainsi comment peut-on proposer d’accueillir au panthéon l’avocate Gisèle HALIMI pour avoir  défendu des rebelles algériens et ne pas proposer Rabah KELIFF qui sauva de massacres plusieurs  centaines de Pieds Noirs le 5 juillet 62 à Oran ou le Bachaga Boualem dont tant des siens périrent  pour la France ? 


Ce rapport a le mérite de ne pas souffler sur les braises. Mais ce souci d’apaisement conduit à trop  de « trous de mémoire » tant sur la vision algérienne que sur les drames des Harkis au sens  générique et des Pieds Noirs. On déplore également que l’armée ne soit évoquée qu’à travers la  dénonciation du recours par certains à la torture. Rien sur ces officiers qui ont cru qu’une Algérie  nouvelle, égalitaire, était possible et que des ordres ministériels obligèrent à abandonner les frères  d’armes qu’ils avaient engagés.  


Notre association réaffirme que l’attente principale des Harkis est absente du rapport : une loi de  reconnaissance et réparation, maintes fois promise voire proposée mais jamais votée. Nous  demandons au Président Macron, adepte de la vérité historique et attentif à ceux qui se sont battus  pour la France, de faire voter cette loi avant la fin de ce mandat.

 

téléchargez le communiqué ici

La réécriture de l’histoire.

03/01/2021

La réécriture de l’histoire.

Cela est d’autant plus vrai dans les états peu démocratiques où les chercheurs, journalistes, enseignants ne peuvent accéder à certaines archives ni s’exprimer librement. L’Algérie n’échappe pas à cette règle. Depuis son indépendance elle n’a de cesse de revisiter l’histoire de la période coloniale et de livrer une vision partielle et très partiale de la guerre d’Algérie. Les manuels scolaires d’histoire illustrent parfaitement la réécriture étatique de l’Histoire à des fins politiques comme l’a confirmé récemment une jeune historienne.  ( cf ci-dessous un extrait de la revue  L’Histoire ,sept 2010)

 

Édités en Algérie par le ministère de l’Éducation nationale, les manuels scolaires reflètent l’antagonisme qui demeure avec la France.


Il n’existe en Algérie qu’une version de manuel par niveau de classe, rédigé en langue arabe, distribué exclusivement dans les établissements scolaires et édité par les organes du ministère de l’Éducation nationale.


L’idée directrice de ces manuels depuis 1962 est celle d’un peuple algérien uni et résistant face aux différentes conquêtes coloniales, jusqu’à l’ultime guerre de libération déclenchée le 1er novembre 1954. Cette lutte incessante est, jusque dans les années 1990, présentée sans leaders ou héros particuliers, au nom du slogan, répété dans les manuels : « Un seul héros, le peuple. »  Les noms des meneurs, encore vivants, de la guerre de libération, gênants ou dangereux pour le pouvoir en place, sont occultés. Jusqu’au début des années 1990 où, suite aux tentatives de multipartisme, les manuels réhabilitent les grandes figures de la lutte anticoloniale, et l’idée même qu’il y eut d’autres voix que celle du FLN-ALN. 


La colonisation est présentée comme l’œuvre d’aventuriers européens à la recherche de terres. Il s’agissait d’« accaparer les richesses de l’Algérie, y exploiter les productions et mettre un terme à la crise de la dette, contractée par la France, tout en se créant un marché pour y écouler les produits de la nouvelle industrie » (2e année secondaire, 2006-2007). Sont particulièrement visés les prêtres évangélistes (les Pères Blancs) et l’armée française, sanguinaire et brutale. « Le colonialisme français a commis des crimes multiples et utilisé routes les formes de déplacement, de siège, de torture, d’humiliation et d’assassinat dans son désir de mettre un terme à la Révolution. Il n’a pas fait de différences entre femmes, enfants et vieillards, ni entre ruraux et villageois dans ses actions sauvages » (Mon livre d’histoire, année fondamentale, 1993-1994).


La doctrine officielle est que la « guerre de libération nationale » a fait un million et demi de victimes algériennes (il y en eut sans doute 300 000 en réalité). La France s’est, selon certains manuels, rendue coupable d’un « génocide culturel ».


Lydie Aït Saadi-Boura a soutenu une thèse à l’Inalco sur les manuels d’histoire en Algérie, sous la direction de Benjamin Stora

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