Les 11 et 12 septembre dernier s'est déroulé, à Riom dans le Puy de Dôme et à côté de Clermont Ferrand, l'assemblée générale de AJIR-France suivie par la rencontre de 4 associations de Harkis venues des différentes régions de France.
A l'issue de ces deux journées de travail studieux, dans un climat apaisé et respectueux des sensibilités des un et des autres et où toutes celles et tous ceux qui ont souhaité s'exprimer ont pu le faire librement, une synthèse a été faite par Mohand Hamoumou, président d'AJIR. Synthèse qui reprend l'essentiel des échanges qui ont lieu ainsi que les principales revendications exprimées...
Cette synthèse a été reprise sous forme de lettre ouverte (à lire ici) adressée au Président de la République avec la signature des 40 associations participantes.
Vidéo résumée des travaux de ces deux journées :
01/11/2021
Les paroles s'envolent, les écrits restent. Nous avons retrouvé un article de 2018 dans lequel, l'actuel président d'AJIR, indiquait déjà "les gestes forts" qu'un président de la République devrait accomplir à l'égard des Harkis... notamment demander pardon et faire voter une loi!
Article publié sur le blog « Le Monde des lecteurs », les lectrices et lecteurs du Monde peuvent commenter l’actualité.
Mohand Hamoumou, professeur à Grenoble à Ecole de Management, psychologue clinicien, docteur en sociologie revient sur la longue et chaotique histoire de la reconnaissance des Harkis par la République.
Publié le 09 octobre 2018
Un autre geste symbolique pourrait être d’accueillir au Panthéon une figure emblématique de cette communauté de destin, comme le Bachaga Boualem ou le capitaine Rabah Khellif. Des nominations au service de la République d’enfants de harkis à la compétence démontrée contribueraient aussi à acter la reconnaissance. Il ne s’agit pas là de discrimination positive mal comprise mais de rendre plus visibles, afin qu’elles servent d’exemples, les personnes qui ont déjà fait la preuve de leurs qualités malgré le handicap du patronyme ou une scolarisation tardive.
Mettre en place une représentation élue, et donc légitime, de cette population, à l’instar du CRIF, serait utile, quoique difficile, pour avoir des interlocuteurs crédibles. Parce que la reconnaissance nécessite d’abord la connaissance, des moyens sont nécessaires pour produire tous supports aidant à faire connaître l’histoire des Harkis.
Enfin le président devrait s’engager à réparer ce qui peut l’être encore. D’une part en créant une commission d’évaluation des préjudices, préalable à toute réparation. Bien sûr, aucune réparation ne rendra vie à ceux tués après le 19 mars 1962 ni aux nourrissons morts de froid ou de manque d’hygiène dans les camps de tentes (près de 130 à Rivesaltes).
Aucune réparation financière ne remplacera des années d’enfermement dans des structures aliénantes ni n’effacera leurs stigmates. L’enjeu, qu’on ne s’y trompe pas, n’est pas financier. D’ailleurs, la récente décision du Conseil d’Etat (2018) donne le ton : 15 000 euros pour 13 ans d’exclusion et de potentiel étouffé. L’enjeu est d’avoir une commission d’éminents juristes, d’anciens ministres, d’universitaires reconnus, afin de cerner - et ainsi de reconnaître objectivement- la réalité des préjudices subis. D’autre part en mettant en œuvre de mesures fortes de solidarité pour les plus démunis afin de leur garantir une retraite décente.
Entre volonté de vérité et difficulté à réparer, entre gestes symboliques et mesures concrètes, la déclaration présidentielle sera un exercice délicat. Mais le président Macron, parce qu’il fait souvent preuve d’audace, génère un nouvel espoir chez les harkis. Et chez tous ceux convaincus, selon les propos de Friedrich Nietzsche que « les vérités que l’on tait deviennent vénéneuses ».
Mohand Hamoumou (Volvic, Puy-de-Dôme) est professeur à Grenoble à Ecole de Management, psychologue clinicien, docteur en sociologie (EHESS), diplômé de l’ESSEC, auteur de « Et ils sont devenus harkis » (366 pages, 1993, Fayard). Maire de Volvic (2008-2020), Officier de la Légion d’Honneur.
https://www.lemonde.fr/blog-
mediateur/article/2018/10/09/histoire-la-republique-
et-les-harkis-il-n-est-jamais-trop-tard-pour-bien-
faire_5366767_5334984.html
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