20/12/2020
L’art de perdre.
En 2017, une petite fille d’ancien harki remporte le prix Goncourt des lycéens. A travers l’histoire romancée de son grand père harki, Alice Zéniter invite à découvrir une histoire encore mal connue.
Aux membres de cette communauté de destin, ce roman n’apprendra rien. Mais le titre devrait les faire réfléchir : L’art de perdre. Un titre terrible par sa cruelle vérité.
Les harkis et l’armée française ont perdu la guerre qu’ils avaient gagnée sur le terrain. Des dizaines de milliers de supplétifs ont perdu la vie suite à leur abandon après le 19 mars 1962. Les rescapés ont perdu leur terre natale, où certains n’ont jamais pu retourner. Ici, beaucoup ont perdu leur identité dans une France qui les a mis à l’écart.
Leurs enfants semblent être aussi champions dans l’art de perdre. Incapables de se rassembler, refusant de comprendre que l’union fait la force, ils ont perdu tant d’années à multiplier les associations et à entretenir des querelles d’égos qui seraient risibles si elles n’étaient pas nuisibles.
L’art de perdre, c’est l’art de se diviser, de se critiquer, de se jalouser. L’art de gagner, c’est la volonté de s’unir, de jouer collectif, de s’entraider pour rappeler à l’Etat ses devoirs à l’égard de ceux qui ont accompli le leur au péril de leur vie.
20/12/2020
Monsieur le Président,
Le 24 juin 2020, vous avez confié à l’historien Benjamin STORA la mission de vous faire des recommandations sur « les gestes à effectuer et les actions à engager dans les mois et années à venir » afin d’avancer dans le travail de mémoire en France et en Algérie et que cette « histoire soit connue et regardée avec courage et lucidité ». Votre homologue algérien a désigné Abdelmajid Chikhi, directeur des archives algériennes pour une mission analogue.
Si l’intention est louable, la méthode est regrettable. Le choix d’un seul historien, de plus connu pour son engagement politique proche du FLN algérien, a suscité des inquiétudes. Côté algérien, le choix du gardien du temple de l’histoire officielle du FLN ne présageait pas beaucoup d’objectivité. Dès la nomination de ces experts, beaucoup ont regretté que le choix ne se soit pas porté sur une équipe pluridisciplinaire et internationale à même de garantir plus d’objectivité et d’ouverture vers tous les domaines possibles de coopération.
Nous avons également alerté sur les risques d’excuses voire de repentance, a fortiori à sens unique. Renforcer les liens entre 2 pays ne peut se faire en ravivant des plaies, en alimentant du ressentiment, ni en acceptant des oukases de l’une des parties.
Or Monsieur CHIKI vient de déclarer lors d’une interview à la revue de l’armée El-Djeich que selon les autorités algériennes « … certains dossiers sont hors de discussion tel que le sujet des Harkis… ». Pire, il ose dire que « les Harkis ont quitté l’Algérie de leur plein gré. » Lorsqu’on sait que des dizaines de milliers de Harkis ont été emprisonnés, torturés ou massacrés après le cessez le feu, au mépris des Accords d’Evian, censés garantir la sécurité des biens et des personnes, on ne peut qu’être outré par de tels propos.
Les associations de Harkis soussignées tiennent à vous faire connaître leur indignation. De tels propos, sans réaction officielle de notre pays, blessent une population déjà meurtrie par les drames vécus en Algérie et les souffrances endurées ici en raison d’un accueil honteux.
Votre volonté de tenir un discours de vérité sur le passé pour privilégier l’avenir, dans une logique d’apaisement, ne peut s’accommoder des propos de Monsieur Chiki ou de demandes d’excuses.
Nous serons vigilants à la suite que vous donnerez, ou pas, à cette mission. Car quelles que soient les « recommandations » de Benjamin Stora, c’est à vous seul que reviendra la décision de rassembler ou de diviser les Français, d’apaiser ou de blesser une composante de la Nation française.
Nous espérons de vous la garantie que les Harkis ne seront pas victimes par l’oubli d’une prétendue réconciliation franco algérienne qui s’annonce mal. A l’évidence les conditions ne sont hélas pas réunies pour cette démarche telle qu’entreprise.
Veuillez croire, Monsieur le Président de la République, à notre considération respectueuse.
22/11/2020
Emmanuel Macron confirmera la reconnaissance de l'abandon par La France des harkis (reconnaissance effectuée par le Président François Hollande le 25 septembre 2016) ; Mais cette reconnaissance sera prolongée par :
Emmanuel Macron recevra les responsables d'associations représentatives des harkis au cours des 6 premiers mois de son mandat.
Emmanuel Macron commandera une étude sur les indemnisations accordées aux harkis depuis 1962. Les résultats de cette étude seront connus dans les 6 premiers mois du quinquennat. L'étude sera réalisée en dialogue avec les associations et fera apparaître les comparaisons avec les autres victimes reconnues par l'Etat (victimes combattantes, victimes du terrorisme, victimes de la Shoah).
En fonction des résultats de cette étude, des textes réglementaires permettront de régler les derniers contentieux rapidement et efficacement dans cette logique de réparation souhaitable.
L’intégralité du discours est en rubrique Politique
22/11/2020
Parce que les harkis ne seront entendus que lorsqu’ils auront des représentants sérieux travaillant ensemble et parlant au nom de dizaines de milliers de citoyens,
Parce que la politique est un rapport de force et que la réparation comme toute revendication, ne se quémande pas mais s’arrache, grâce à la pression du nombre ou la mobilisation de l’opinion publique,
Parce que nous avons déjà perdu trop de temps, que le rapport Ceaux ne répond pas aux attentes, que le décret de décembre qui en est issu est indécent, que les différents groupes de travail ont été désignés par l’Etat et non choisis par ceux qu’ils sont censés représenter,
Une vingtaine d’associations comptant plus de 700 adhérents et une centaine de personnes hors associations ont décidé à l’automne 2020 de se fédérer au sein du réseau AJIR.
Le contexte sanitaire n’a pas permis de réunions (sauf en visio). En 2021, si la situation l’autorise, des réunions à Dreux, Aix, Périgueux, Lyon, permettront aux adhérents de se rencontrer, d’échanger sur les objectifs, de faire un point d’avancement sur les projets et groupes de travail. AJIR est ouverte à toutes les personnes positives voulant contribuer à ce combat collectif pour la justice.
AJIR : Association Justice Information Réparation, pour les Harkis. Contact : ajirfrancecontact@gmail.com Association loi 1901 - tout don à l'association est éligible aux réductions d'impôts